« Dépêche toi. » La fillette fronça les sourcils sous l'effort. Elle tentait de suivre l'allure de sa mère mais cela lui était impossible. Elle était bien trop frêle et petite pour être aussi rapide. Freyja restait pourtant silencieuse puisqu'elle savait pertinemment que sa mère ne supportait aucun pleur et aucune plainte. Alors elle se contentait d'être traînée dans la neige par cette dernière qui la tirait à elle sans la moindre pitié. La main qui était emprisonnée dans celle de sa génitrice était désormais engourdie à cause de la pression et du froid. Une sensation qui ne lui était pas inconnue mais qu'elle n'avait jamais vécu avec une telle violence. Freyja laissa son esprit vagabonder pour échapper à la réalité. La fillette voulait se libérer de toute son incompréhension et de toute sa douleur. Elle ne voulait pas savoir pourquoi sa mère lui faisait traverser tout un pays sans raison apparente. Celle qui lui avait donné la vie ne lui aurait probablement pas répondu si elle avait osé poser la question. Freyja se laissait guider dans le dédale d'une ville qu'elle ne connaissait pas, parmi des gens qui lui étaient hostiles et indifférents. Une attitude à laquelle elle était confrontée depuis qu'elle avait quitté la région qui l'avait vue naître. Le souffle saccadé à cause du rythme imposé par sa génitrice, la fillette se plia en deux lorsque la marche forcée s'arrêta. Une fumée blanchâtre s'échappait de ses lèvres à chaque battement de son coeur affolé. Ses poumons n'étaient plus que deux astres brûlants au creux de sa poitrine. Freyja ne se préoccupait pas de ce que sa mère faisait, ni de l'endroit où elle se trouvait. Une brûlure insupportable émanait de son poitrail et elle ne cherchait qu'à l'apaiser. Ses petites mains agrippaient le tissu de sa cape à chaque inspiration difficile. Des mots inconnus et compliqués étaient échangés près d'elle. Des murmures qu'elle ne ne parvenait pas à déchiffrer. Un tintement discret attira néanmoins son attention. Elle posa ses prunelles innocentes sur les quelques pièces d'or qui scintillaient au creux de la main de sa mère. Freyja n'avait jamais vu d'objets si éclatants et fascinants. La fillette s'approcha instinctivement, comme pour effleurer du doigt l’incommensurable richesse. Sa mère s'éloigna d'elle avant qu'elle n'ait eu le temps de parvenir jusqu'à elle. En à peine quelques secondes, elle n'était devenue qu'une ombre parmi les bâtiments et la foule. Freyja resta de longues minutes immobile avant qu'une femme ne l'entraîne à l'intérieur d'une immense demeure. La fillette était dans un état second. Elle ne réalisait pas encore l'horreur qui venait de se produire. L'abandon indigne dont sa mère venait de faire preuve. La réalité s'imposa à Freyja quand la douleur émana de sa joue droite. Surprise, elle glissa ses doigts frais sur la peau rougie. Une vieille femme se tenait devant elle avec un air sévère.
« Arrête de rêvasser petite, tu es désormais esclave au service de la noble famille Von Rosenberg. » Les yeux écarquillés par la stupeur, la fillette resta paralysée par la peur. Elle ne résista pas quand on lui ôta sa modeste cape, ni les quelques possessions qu'elle avait en permanence sur elle. Freyja semblait vivre un cauchemar éveillé dont elle n'arrivait pas à se sortir. Elle espérait ouvrir les yeux sur la petite chambre qu'elle avait occupé depuis sa naissance. Elle n'arrivait pas à accepter l'inévitable. Sa mère l'avait vendue. La fillette ne concevait même pas la notion de liberté et d'esclavage et elle venait pourtant de perdre tous ses droits. Les larmes ne tardèrent pas à perler au coin de ses yeux. La vielle femme les essuya d'un revers de main avant de la traîner vers une cave sombre et humide. Un cave qui était devenue son foyer.
« Cela ne sert à rien de s’apitoyer sur son sort. Fais toi une raison et tout sera beaucoup plus simple. » La fillette hocha lentement la tête tout en sentant son coeur se briser au sein de sa poitrine.
≈ ≈ ≈
« Franz, mon chéri... » « Mère vous m'aviez promis ! » La femme poussa un soupire avant de faire un bref geste de la main. Les esclaves les plus âgés poussèrent alors tous les plus jeunes en avant. Confuse, Freyja interrogeait sa mentor du regard. Cela ne faisait que quelques semaines qu'elle était entrée au service de la famille et elle ne connaissait pas encore très bien les membres qui la composaient. Elle ne s'était jamais retrouvée confrontée à un sang pur. Freyja ne faisait que participer aux tâches ménagères. Du fait de son jeune âge, elle ne pouvait pas s'acquitter de missions plus compliquées même si elle savait que cela n'allait pas tarder. Le temps passait vite et elle n'échapperait pas à la boucle du temps. Les yeux fixés sur un tableau majestueux suspendu à un mur, la fillette sursauta en sentant une main se glisser dans ses boucles rousses. Elle observa le garçon avec stupéfaction tandis qu'un sourire se dessinait au coin de ses lèvres.
« Je la veux. » Un murmure s'éleva parmi les esclave adultes. Elle n'était pas complètement formée et elle était bien trop jeune pour répondre aux besoins du fils Von Rosenberg. Sa mère devait en être consciente puisqu'elle s'interposa à son tour.
« Enfin, Franz, elle vient à peine d'arriver. Elle est totalement inexpérimentée ! » Ce dernier fixait Freyja avec une détermination peu commune. Ses doigts étaient toujours entremêlés à ses cheveux rouquins. Il les retira aussitôt en sentant le regard de sa mère peser sur lui. La fillette baissa les yeux, gênée d'être ainsi mise en avant de cette façon. Elle ignorait ce que voulait Franz Von Rosenberg d'elle. La fillette ne savait pas ce qu'il attendait d'elle. Elle frissonna en sentant des mains se poser sur ses épaules. Une odeur familière caressa son odorat.
« Elle sera prête d'ici quelques jours, Votre Majesté. » La fillette n'eut pas besoin de se retourner pour savoir à qui appartenait cette voix. Elle ferma les yeux afin de retenir des larmes qui n'étaient pas les bienvenues. Comme depuis son arrivée, elle se répétait inlassablement les mots que la vieille esclave lui avait adressés le jour de son arrivée.
Fais toi une raison et tout sera beaucoup plus simple. La fillette rouvrit les yeux en sentant une main effleurer sa joue.
« Si pure... » murmura Franz en fixant sa peau laiteuse. Elle serra instinctivement les dents en sentant le contact de sa peau contre la sienne.
« Vous avez jusqu'à demain. Elle me sera alors attitrée personnellement. » La vieille esclave hochait la tête tandis que le prince s'écartait avec un air victorieux sur le visage. Un air arrogant qui déplaisait déjà fortement à Freyja. (...) Des cernes s'étaient dessinées sous ses prunelles fatiguées durant la soirée. Freyja n'avait pas dormi une seule minute à cause de l'ordre donné par le prince. La vieille esclave avait tenté de lui transmettre tout son savoir en quelques heures seulement. C'est à peine si la fillette tenait debout tant son esprit était embrumé par l'appel de Morphée et les connaissances qu'elle avait acquis. La vieille esclave lui adressait parfois des regards compatissants tandis qu'elle la conduisait vers les appartements de Franz. Tous les sens de la jeune fille étaient annihilés par la fatigue si bien que la tension qu'elle avait ressenti la veille s'était dissipée. Freyja manqua à peine de renverser la vieille esclave quand elle s'arrêta brusquement devant elle.
« Votre Majesté, je vous amène votre nouvelle esclave attitrée. » Freyja s'avança dans le prestigieux salon doré de son nouveau maître. Silencieuse, elle darda un regard froid sur Franz qui se leva en l'apercevant. La vieille esclave quitta les appartements quand ce dernier la renvoya d'un bref geste de la main. Le prince releva délicatement son menton avant de passer ses doigts sur les marques qui soulignaient ses yeux.
« Va donc te coucher. Tu es hideuse avec ces cernes violacées. » Freyja laissa échapper un hoquet de surprise en entendant les mots du prince. Révoltée malgré son jeune âge, la rouquine tourna des talons en maugréant discrètement.
« La faute à qui... » Il lui sembla entendre Franz parler dans son dos mais elle était déjà loin de ses appartements.
≈ ≈ ≈
« Ce n'est pas à une vermine comme toi de me dire ce que je dois faire ! » Freyja fixait Franz avec une parfaite indifférence. Elle avait l'habitude des insultes et des menaces. Elle connaissait le Von Rosenberg depuis des années déjà et elle savait qu'il ne pensait pas vraiment ce qu'il disait parfois. Assise près d'un bureau en bois massif, la jeune femme l'observait tourner dans son salon privé comme un animal en cage. Une ironie puisqu'il était libre contrairement à Freyja. Elle n'était qu'une esclave parmi tant d'autres tandis qu'il était le fils d'une bonne famille de sorciers purs. Elle se leva et s'approcha silencieusement de Franz qui jurait à haute voix. Il fallait dire que ses parents lui avaient annoncé qu'il devait choisir une future fiancée s'il ne voulait pas qu'ils s'en chargent. Un ultimatum qui avait fortement déplu au jeune homme.
« Ne viens pas encore me dire que c'est mon devoir ! » Levant les mains en l'air en signe de sédition, la jeune femme s'arrêta à quelques mètres de Franz. Elle avait une chance folle, insensée, d'être son esclave. Les premiers mois avaient été très difficiles, marqués par des insultes parfois violentes et des heurts. Freyja partageait néanmoins aujourd'hui un secret avec le Von Rosenberg. Il avait fait d'elle sa confidente malgré le statut de son sang. Il lui arrivait souvent de le lui rappeler quand Freyja allait à l'encontre de ce qu'il voulait entendre.
« Tu as au moins le luxe de pouvoir choisir ta femme. » déclara-t-elle tout en haussant les épaules. Un avis qui ralluma bien vite une lueur dangereuse dans le regard de Franz qui se rua sur elle. Il plaqua ses mains sur ses bras dénudés et il se rapprocha davantage d'elle.
« Tu ne comprends pas. Je ne veux pas de femme. C'est trop tôt... beaucoup trop tôt. » Malgré le regard ahuri que Franz lui lançait, la jeune femme arqua un sourcil. Elle trouvait parfois la réalité de Franz bien différente de la sienne. Ils n'avaient pas les mêmes préoccupations. C'est à peine si Freyja pouvait se permettre d'avoir des problèmes personnels. Elle n'avait théoriquement pas de vie puisqu'elle appartenait aux Von Rosenberg. Freyja croisa les bras contre sa poitrine, rompant l'emprise qu'exerçait l'allemand sur elle.
« Il s'agit d'une fiancée. D'autant plus que tu ne te marieras pas avec elle avant ta sortie de Durmstrang. » Freyja regretta aussitôt ses paroles en voyant le regard furieux de Franz. Ce dernier adopta une expression purement haineuse et médisante.
« Tu n'y connais rien. Absolument rien ! » cracha-t-il tout en se rapprochant d'elle.
« Va donc retrouver tes congénères et laisse moi tranquille ! » Freyja fit un pas en arrière en constatant que Franz était vraiment hors de lui. Une réaction trop tardive puisqu'il la repoussa sous le coup de la colère. Surprise par ce geste inédit, Freyja tomba en arrière et cria en sentant sa tête percuter un meuble. Une douleur insupportable ne tarda pas à irradier dans tout son corps. Choquée par la violence dont avait fait preuve Franz, la jeune femme réalisa qu'elle avait probablement regagné la place qui lui était destinée depuis le début. Elle n'était qu'une impure après tout. Elle ne méritait pas de fraterniser avec un Pur. Freyja tâta prudemment ses cheveux avec le bout de ses doigts. Des larmes coulaient déjà silencieusement sur ses joues, lavant les gouttes de sang qui se déversaient lentement depuis son front meurtri. Elle n'osait pas regarder Franz, de peur de voir une ombre terrifiante planer sur son visage ainsi qu'un sourire victorieux. Freyja n'aurait pas du prendre ses aises si facilement et elle en était désormais consciente. C'était dans l'ordre des choses. Elle était inférieure à Franz. Sonnée, la jeune femme tenta de se redresser avant de sentir des bras la soutenir.
« Je suis désolée, Freyja. Tellement désolé. Je ne voulais pas. » Des sanglots ne tardèrent pas à couvrir les excuses de Franz.
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« Freyja, suis moi, tu es convoquée. » Levant la tête, la jeune femme abandonna ses tâches pour suivre un esclave qu'elle connaissait à peine. Elle se demandait les raisons qui auraient pu motiver la famille à la faire demander. Une peur panique s'empara d'elle en imaginant que les Von Rosenberg avaient découvert l'amitié qui s'était liée entre leur fils et une simple esclave. Si c'était vraiment le cas, Franz ne pourrait rien faire pour éviter sa punition. Freyja pouvait très bien être renvoyée dans le meilleur des cas. Tremblante, elle osa à peine regarder Franz qui se tenait dans le salon, l'air contrit. Les yeux fixés au sol, la jeune femme essayait de calmer son rythme cardiaque. Elle ne devait pas avoir l'air plus coupable qu'elle ne l'était.
« Freyja, il semblerait que nous ayons commis une grossière erreur en t'acceptant. » Le sang de la jeune femme se glaça dans ses veines. Son propre coeur arrêta de battre durant quelques instants. Freyja releva immédiatement la tête, effrayée à l'idée d'être mise dehors. Elle n'avait aucun endroit où aller et encore moins d'argent pour subvenir à ses besoins. Une silhouette inconnue détourna son attention de la mère de Franz. Un homme assez âgé se tenait dans un coin de la pièce et l'observait avec une attention bien particulière. Fronçant les sourcils à l'idée d'être revendue à un autre homme qui pourrait abuser d'elle, la jeune femme sentit son coeur s'emballer dans sa poitrine.
« Ta mère ne nous avait pas dit que tu étais la fille de Janis Rasmussen. Or Monsieur Rasmussen nous a fait part de ses recherches et nous sommes donc venus à la conclusion qu'il pouvait repartir avec toi. » La jeune femme écarquilla les yeux et resta stupéfaite devant les Von Rosenberg. Franz semblait morose et replié sur lui-même malgré ses efforts pour paraître impassible. Personne ne savait à quel point il s'était rapproché d'une esclave et il ne pouvait pas se permettre d'ébruiter une telle nouvelle. Silencieuse, la jeune femme se figea en voyant Janis Rasmussen se rapprocher d'elle. Freyja eut à peine le temps de lancer un dernier regard à Franz qu'elle était déjà entraînée à l'extérieur. Elle fronça les sourcils en voyant le sorcier lui tendre une cape luxueuse. Il du la glisser sur ses propres épaules devant la confusion de la rouquine. Tout allait bien trop vite. La jeune femme ne comprenait pas ce que cela impliquait. Elle ne réalisait pas que son père lui faisait face. L'image de sa mère s'était effacée depuis longtemps de son esprit, ne laissant qu'une simple impression amère. Elle n'était pas étonnée de savoir qu'elle avait menti en l'abandonnant. C'était sans doute plus facile pour elle, comme toujours. Freyja ne se retourna pas sur la grande demeure des Von Rosenberg en quittant la propriété. Elle ne voulait pas croiser le regard abattu de Franz et encore moins l'incompréhension sur les visages de ses congénères. Janis Rasmussen la fixait avec un sourire en coin. Elle n'osait pas soutenir ce regard paternel qu'elle n'avait jamais connu jusqu'à présent. Freyja s'arrêta brusquement en apercevant un carrosse s'avancer vers eux. La panique prit possession de tout son corps en réalisant qu'elle ne rêvait pas. Elle n'allait pas changer ses habitudes si facilement après des années de servitude. Elle était toujours de sang mêlé après tout et le nom de son père n'y changerait rien.
« Viens Freyja, tu n'as plus rien à craindre. » Freyja accepta la main qu'il tendait vers elle et prit place en face de son père. Elle était intimidée par sa présence. Elle n'avait jamais eu de présence masculine dans sa vie et elle était gênée par l'insistance dans le regard de Janis.
« C'est fou à quel point tu lui ressembles. » Levant ses prunelles vertes vers son père, Freyja sursauta en comprenant qu'il faisait référence à sa génitrice. Celle qui l'avait abandonné pour quelques pièces en or. Son père comprit aussitôt son erreur en voyant l'expression défaitiste de la rousse. Il avança lentement sa main qui vint se poser sur les siennes, croisées sur ses genoux.
« Je regrette de ne pas t'avoir trouvée plus tôt. Je te cherche depuis des années, tu sais. » C'est justement ce qu'elle n'arrivait pas à comprendre. Les mots n'avaient aucun sens. Freyja n'avait pas l'habitude d'être désirée ou aimée. Seul Franz lui donnait cette impression même si elle savait que ce n'était qu'une illusion temporaire. Elle avait toujours été consciente de son statut qu'elle avait accepté. Freyja n'avait pas eu d'autres choix.
« Où allons-nous ? » demanda-t-elle tout en se gardant de répondre à celui qu'elle devait désormais considérer comme son père.
« A Stolytsia. Il est temps pour toi d'apprendre à devenir une véritable sorcière. Artur restera avec toi, ne t'inquiète pas. » La jeune femme fronça les sourcils en se rappelant du jeune homme brun qui n'avait eu de cesse de se trouver dans l'ombre de Janis Rasmussen. Freyja posa ses frêles mains sur ses tempes douloureuses. Ces dernières heures avaient tout changé dans sa vie. Un bouleversement étourdissant auquel elle n'aurait pas pu se préparer.
≈ ≈ ≈
Freyja s'émerveillait de tout et de rien comme une simple enfant qui découvrait le monde pour la première fois. C'était le cas mais elle préférait taire cette réalité. La jeune femme avait toujours du mal à réaliser qu'elle n'était pas une esclave. Son sang était toujours considéré comme impur mais elle vivait pleinement depuis son entrée en esclavage. Elle prenait ses propres décisions et elle n'avait pas à obéir à des ordres. C'était encore étrange. Freyja avait l'impression que Madame Von Rosenberg pouvait débarquer à tout moment pour lui attribuer une tâche ingrate. Les yeux fermés pour savourer le contact de la brise contre sa peau, la jeune femme les rouvrit pourtant en en sentant une main se poser sur son épaule.
« Miss Evanesca, faites attention où vous marchez. » Freyja posa ses yeux sur Artur qui la suivait comme son ombre depuis leur arrivée à Stolytsia. Les sourcils froncés, la jeune femme lui lança un regard sévère.
« C'est Freyja. Il n'y a pas de Miss Evanesca entre nous. » L'esquisse d'un sourire passa brièvement sur le visage d'Artur avant qu'il ne retrouve son sérieux. Son regard brun s'égara au loin avant de se fixer sur quelque chose. La jeune femme tourna aussitôt la tête et haussa les sourcils en apercevant une inconnue délirer dans la rue. Des sorciers l'observaient avec circonspection et d'autres avec un sourire lubrique au coin des lèvres. Freyja ne se préoccupa même pas d'Artur puisqu'elle rejoignit aussitôt la jeune femme en ignorant les appels du protégé de son père. Les yeux de la sorcière semblaient être concentrés sur un point lointain, presque invisible. Cette dernière semblait être dans un transe que la rouquine ne pouvait pas expliquer. Freyja osait à peine la toucher de peur d'éveiller en elle une réaction violente. Elle usa de toute sa douceur pour l'entraîner à l'écart tout en soupirant devant l'attitude réprobatrice d'Artur. Il l'avait suivie pour s'assurer qu'elle allait bien ce qui avait le don d'agacer prodigieusement la jeune femme.
« Mila ? Oh je vois, conduisez la à l'intérieur, ça devrait passer dans quelques minutes. » Arquant un sourcil, Freyja remercia la sorcière qui venait de lui adresser la parole d'un bref geste de la tête. Impressionnée devant la taille du bâtiment devant lequel elle se trouvait, Freyja fit comprendre à Artur de ne pas la suivre. Elle n'avait pas été habituée à être maternée de cette façon et elle comptait bien le faire savoir. La belle ne tarda pas à trouver un lit sur lequel elle laissa délicatement tomber l'inconnue, toujours insensible au monde extérieur. Observant avec fascination la jeune femme, Freyja sursauta quand cette dernière poussa un cri d'effroi. Elle observa tout ce qui l'entourait avant de retrouver un calme surprenant. Gênée, Freyja la fixait tout en ne sachant quoi dire. Elle n'avait pas prévu que ladite Mila allait se réveiller si subitement même si elle n'aurait pas pu se résoudre à la laisser dans un tel état.
« Mila ? Vous allez bien ? » La brune posa son regard sur Freyja et un sourire s'étira au coin de ses lèvres. Elle se leva et se rapprocha immédiatement de Freyja qui recula à cause de leur proximité. Le sourire de Mila ne fit que s'accentuer.
« Mieux grâce à toi. Je suppose que je dois te remercier comme il se doit. » Elle lui offrit un sourire étendu qui arrêta immédiatement le coeur de la jeune femme. Freyja n'aimait pas recevoir autant d'attention et elle préférait être en retrait. Elle était bien trop naïve pour ce qui se déroulait devant ses yeux effarés. Mila devait l'avoir compris puisqu'elle se contenta de prendre sa main et de la guider vers elle.
« Ne t'inquiète pas, on peut tout aussi bien se contenter de parler. Je pourrais te remercier une prochaine fois. » Perplexe, Freyja prit néanmoins place sur le grand lit qui occupait l'espace. La brune lui tendit sa main tout en lui souriant.
« Appelle moi Kahina. Et tu es ? » Elle s'empressa de serrer la main de Kahina tout en se demandant pourquoi elle se faisait appeler Mila.
« Freyja. »