REOUVERTURE WESH

Stolytsia, mai 1916
Le sang coulait, coule, coulera. Stolytsia à feu et à flammes, l'anarchie qui se meurt sur ses pavés, le monde en effervescence, un monde magique qui ne sait plus vers qui se tourner. L'empereur parcourt les pages des anciens grimoires de son père, à peine quelques jours déjà que l'on annonça sa mort, et la révolution avait brandi leur étendard, celui qui était si souvent sanglant. Les radicaux ne lui rendaient pas la chose facile, mais comme son père, il devait régner sur sa terre avec un poing de fer. La situation politique était incontrôlable, et les meurtres s'enchaînaient rapidement, trop rapidement. Son coeur fendait un battement, ses mains tremblaient encore, la fatigue, l'épuisement qui s'était épris de son corps n'était pas naturel, c'était une torture, une réelle torture. Un venin qui s'épandait dans les rues de sa ville, de son fief, alors qu'il était maladivement fatigué, fatigué de devoir réparer les erreurs de son père. Mais s'ils croyaient que son père avait la rage, alors ils sous-estimaient son sang, celui qui ferait vivre la société puriste et qui abattrait sans ménagement les Mêlés, les esclaves.

Durmstrang, juin 1916
Elle criait de toute son âme, à s’époumoner, à crever de l'impact du sort. Sa poitrine s’affaissait lentement. La douleur s'insinuait sournoisement dans ses veines, la mettant au supplice. Elle courait sans s'arrêter. Elle avait mal mais elle courait pour sa vie. Les radicaux la poursuivaient de leur haine, baguette en main. Les éclairs l'aveuglaient mais elle continuait. Elle connaissait l'école après toutes ses années. Son foyer. Cette maison qu'elle pensait inébranlable. Intouchable. Les cadavres de ses camarades jonchaient les pavés froids de Durmstrang tandis qu'elle cherchait de l'aide. Elle savait que sa lutte était vouée à l'échec mais l'espoir continuait à faire battre son coeur. Un cri silencieux fit remuer ses lèvres quand elle tomba sur le sol entaché d'hémoglobines. Des larmes perlaient déjà au coin de ses prunelles tandis qu'elle sentait le sortilège faire son oeuvre. La gamine sentit son corps entier se rebeller sous l'effet de la torture tandis qu'elle hurlait pardon. Elle était désolée d'avoir perdu. Désolée de ne pas avoir réussi à quitter cet enfer sur terre. Une voix s'éleva au-dessus d'elle. Un murmure lointain, trop lointain. « Emmenez-la aux cachots. Elle nous sera peut-être utile. »  La conscience baisse les armes. L'esprit abandonne. La gamine tombe dans les bras réconfortants de Morphée. Elle échappe à cette réalité odieuse. Durmstrang n'est plus. L'école est sa prison. Elle va mourir.  

Le monde magique actuel est à feu et à sang. Plus personne ne sait plus à qui faire confiance, et si la révolution semblait unie, elle n'a fait que se scinder en deux partis bien différents. Les radicaux, qui sous les provocations incessantes de l'empereur se sont attaqués au célèbre institut de Durmstrang et en ont fait leur fief, et les modérés qui cherchent par tous les moyens à calmer les ardeurs de leurs pairs. Lors de la nuit de douze octobre, les rues de Stolytsia ont été victime d'un horrible massacre, de nombreux Mêlés, plus particulièrement des esclaves, ont été exécuté dans un sang froid. A la suite de cette immense tragédie, le Tsar, Alexandre Bytchkov tint un discours en leur honneur. Les rebelles, s'attaquèrent aux Purs, et tuèrent l'empereur, laissant la ville et le monde magique dans l'anarchie complète jusqu'à ce que le fils du Tsar, Leonid Bytchkov reprenne le trône. Lors des attaques, de nombreux visages fûrent reconnus, de nouvelles affiches, de nouvelles compensations fûrent offertes à ceux qui voulaient bien se laisser chanter. Jamais, la capitale et ses environs ne fûrent aussi partagés, aussi détruits par les guerres livrées. Le nouveau Tsar décida d'interdire l'accès aux Mêlés à l'institut de Durmstrang, et chercha un moyen d'abollir la loi du servage. Alors que la révolution se partagea en deux camps, l'un voulant répondre aux provocations incessantes des Purs, et l'autre voulant faire ça dans la douceur et la paix, les radicaux, dans un plan élaboré, organisèrent un assault sur Durmstrang, faisant de l'institut leur fief. Tenant dans leurs mains de nombreux enfants de familles riches, obligeant les Purs à courber l'échine face à la maîtrise des radicaux.
L'action se déroule donc en février, les radicaux ont l'institut depuis un mois maintenant, les modérés se cachent dans les caniveaux de la capitale, alors que les puristes cherchent à trouver un moyen de libérer les ôtages. Le monde est en sang, personne ne peut faire confiance à quiconque, le monde est en doute, le monde souffre.