Apprendre des autres ¤ Yuri/Roksa

Apprendre des autres

Roksana Ivanova & Yuri Báthory

Contrairement, sans doute, à certains des membres de sa famille – mais ce n’était pas le genre de sujet qu’elle abordait avec eux, préférant garder le silence sur ses convictions – et de la majorité des familles royales, Roksana n’avait que faire de l’opinion des autres sang-purs quant au fait que ce soit un sang-mêlé qui lui donne des cours de soutien en magie noire. Enfin, pas tout à fait. Si elle était parfaitement honnête avec elle-même, la jeune femme devait bien admettre que la réaction pleine de dégoût voire d’effroi de certains puritains l’amusait grandement et elle en jouait beaucoup. Si, officiellement, la demoiselle déclarait qu’elle souhaitait que rien ne change, elle ne s’en posait pas moins de nombreuses questions, notamment sur la façon dont les sang-mêlés étaient traités. Elle ne supportait pas de voir les différences faites entre les purs et les mêlés. Pour autant, par respect pour sa famille, elle ne se sentait pas capable d’élever la voix pour que les choses changent. Aussi jouait-elle les moutons, arguant que c’était très bien comme cela, malgré tous les doutes qu’elle pouvait avoir.

Ce n’était pas pour rien que, si officiellement, Mariska restait son esclave, entre les deux jeunes femmes, il n’y avait plus réellement de lien de dominance et de soumission comme l’entendait la relation entre maître et esclave. De fait, si Mariska restait son esclave, c’était plus pour que la jeune sorcière puisse compter sur la protection officielle que lui apportait Roksana. Personne ne touchait à l’esclave d’une princesse. D’autant que la jeune sang-mêlée était sa meilleure amie et ce statut la mettait à l’abri de tous les purs qui ne voulaient pas de la présence des mêlés à l’Institut.

La brunette se hâta de chasser ces considérations de son esprit alors qu’elle se dirigeait vers la bibliothèque et vers son tuteur, le charmant mais ô combien sombre et mystérieux Yuri. Il y avait quelque chose, chez ce sorcier qui l’intriguait, qui lui donnait envie de creuser derrière la surface, de comprendre ce qui l’animait et de découvrir son secret car la perspicace princesse bulgare était persuadée qu’il dissimulait quelque chose. La question était de savoir quoi.

La belle Ivanova ne tarda pas à arriver devant les doubles portes menant à ce lieu de savoir. L’espace d’un instant, elle se demanda si Yuri était arrivé avant d’espérer que non, désireuse qu’elle était de trouver une table bien en vue, histoire de faire jaser ses camarades, sachant très bien que la plupart n’oseraient rien lui dire en face par peur de son rang. C’était aussi une façon pour elle de montrer qu’il n’y avait pas de différence réelle entre les purs et les mêlés et que tout le monde pouvait cohabiter, que le sang n’avait aucune importance. Il ne fallait pas oublier que tout le monde saignait, et que le sang était toujours de la même couleur : rouge vermillon, et qu’il avait toujours la même odeur, que l’on soit pur, mêlé, noble, bourgeois, pauvre.

Ouvrant la porte, la princesse entra dans la bibliothèque et chercha à repérer son tuteur. A cette heure-ci, il n’y avait pas encore trop de monde à l’intérieur. Les cours venaient, clairement, tout juste de se terminer et les jeunes étudiants n’avaient pas encore eu le temps d’arriver jusqu’ici. Elle ne tarda pas à se rendre compte que son professeur de soutien n’était pas encore là, aussi choisit-elle une table bien en évidence face à l’entrée de la bibliothèque. Et ceux que ça dérangeai ? Ils pourraient aller voir ailleurs. A elle, ça lui convenait parfaitement.