HEADED STRAIGHT FOR THE CASTLE

pseudo, prénom : maï. âge : 20 ans  pays :france.  avatar : jack falahee;  inventé, scénario, prédéfini : scénario.  crédits : money honey.  commentaire :        

Tu es assis par terre, sur l’herbe encore fraiche du matin. Tu regardes ta sœur qui s’amuse à la balançoire juste en face de toi, riant au  rythme du vent. A chaque fois qu’elle vient vers toi, elle change d’expression, comme si elle cherchait à te faire réagir. Une fois espiègle. Une autre fois faussement fâchée. Ou encore très enthousiaste. Elle repart ; elle revient. Elle chante, elle crie, elle te parle. Elle veut que tu viennes la pousser pour l’aider à atteindre le soleil qui vient tout juste de pointer le bout de son nez. Toi, tu lui souris en retour. Elle te fait des signes de mains. Tu l’observes. Tu l’admires. Elle est belle, Alexa. Elle rayonne de tout son être. Vous avez treize ans tous les deux, vous avez partagé beaucoup de choses –dont le même utérus. Mais vous avez toujours été diamétralement opposés. Elle, est celle qui accapare toutes les attentions. Mutine, fonceuse, courageuse. Toi, plus en retrait, tu espères être à la hauteur des attentes de ton père. Tu te montres droit. Tu n’es pas timide. Tu gardes simplement plus de choses pour toi. Tu réfléchis beaucoup avant d’agir –sauf en cas d’extrême colère, là tu sors de tes gonds sans crier garde. Tu fais attention à ce que tu dis, tu es loin d’être franc ou particulièrement honnête. On pourrait croire que c’est ce qu’on attend de toi, d’être aussi calme face au monde qui bouillonne. Pourtant, il manque à ton père cette lueur de fierté dans ses yeux, quand il te regarde. Il espérait avoir ce garçon qui crie partout et se roule dans la boue. Ce garçon qui s’intéresse aux filles et se vante de les avoir toutes à ses pieds. Ce garçon qui rigole un peu trop fort et fait les quatre cent coups avec les autres gamins du quartier. Mais non, tu n’es pas comme ça. Tu aimes les choses simples. Les balades dans les champs de lavande, dont tu aimes restituer chaque nuance de mauve par dessin. Tu affectionnes les cours d’histoire avec ton professeur particulier. Et rien ne te fascine davantage que l’art de la divination : tu passes des heures à vouloir analyser les étoiles dans leurs moindres détails. On te croit tête en l’air, trop rêveur, idéaliste. On pense secrètement que tu feras un hériter trop faible d’esprit.  C’est faux. Tu montres simplement aux autres le visage que tu veux. Ca te plait de te dire que tu as le contrôle sur ce que l’on pense de toi. Mais par dessus tout, tu aimes être le sage de la famille, celui qui tempère le caractère de ta jumelle. Tu te sens comme le « grand » de la famille. Tu as comme le sentiment d’avoir une mission. Tu as beau être destiné à être roi, tu es là avant tout pour protéger Alexa.


Et puis un jour, tu reviens au manoir les mains tremblantes –et couvertes de sang. Tu viens de te revenir à toi après t’être battu parce qu’on avait insulté la famille royale. Ta famille. Les Ivanov. Tu n’as pas pu tolérer ça. A peine tu franchis le portail qu’Alexa se précipite pour te porter les premiers soins. Ta mère arrive et éclate en sanglot, se cachant les yeux au moyen de son avant-bras. Tes petites sœurs prennent peur et se dissimulent derrière sa jupe. Toi, tu es défiguré. Tu tentes de contenir les gémissements de douleur que t’arrachent les sorts qu’on te jette à la figure pour réparer les dégâts. Tu surprends le sourire de ton père, qu’il peine à dissimuler malgré la situation. Il aime avoir ce sentiment d’avoir un « vrai » héritier, qui n’a pas peur de se salir les mains quand il le faut. Etrangement, tu ne retires aucune satisfaction de la fierté qu’il semble te témoigner. Tu aurais fait beaucoup à une époque pour le voir te regarder de la sorte. Mais avec les années tu as appris à n’accorder plus aucune importe à ce qu’il pense de toi. Tu n’as plus rien à lui prouver. Si tu t’es battu, c’est parce qu’on a insulté ton nom. Pas le sien.


« … et je n’avais plus que deux dents. Il a fallu presque un an pour que d’autres repoussent. J’ai fais semblant d’être devenu sourd –quand j’ouvrais la bouche j’avais l’air d’un gnome desséché » Tu la regardas se retenir de s’esclaffer. Son rire comme un chant de rossignol. Ses yeux comme la braise ardente. Elle n’en n’avait que faire que tu étais prince –de toute manière, elle ne l’avait pas encore deviné. C’était bon d’être avec quelqu’un qui te regardait comme un être humain « normal ». Tout semblait si naturel avec elle, elle qui venait de si loin pourtant. C’est comme si tu l’avais toujours connu, alors que c’était parti de quelques mots dans un couloir de la bibliothèque. Tu n’avais eu qu’à l’entendre défendre avec ardeur son roman préféré –qui était ton détesté- pour comprendre à quel point elle était spéciale. Très vite, vous vous êtes rapprochés. Tu lui avais proposé de lui faire découvrir la ville, comme elle y était nouvelle. Deux ans plus tard, une solide amitié vous liait –elle semblait indestructible.  Vous passiez des après-midi allongés parmi les champs de rose de kazanlak, à plonger dans d’autres mondes, à tenter de remonter dans le temps, à vouloir explorer les différents univers. Tu partageais avec Elif une complicité bien différente de celle que tu avais avec Alexa. Tu apprenais à t’ouvrir à d’autres genres de personnes, à d’autres classes sociales.  Elle disait qu’elle venait du Danemark, qu’elle était mêlée d’origines mais pas de sang. Son père n’était pas riche et avait rassemblé le peu d’économie qu’il avait pour envoyer Elif dans la capitale, pour qu’elle se prépare pour Durmstrang et le rende fier. Pas une fois tu n’avais remis en question ses propos. Elle avait une délicieuse manière de raconter les histoires. Comme si elle chantait une berceuse.

Vous parliez de tout, sauf du plus important. L’Empire et vos devoirs respectifs n’existaient pas. Quand tu la quittais à Stolystia, tu ne pensais qu’à ta prochaine visite. Les années passaient, et tu sentais quelque chose grandir en toi. C’était nouveau, étrange, mais agréable. Tes battements de cœur qui s’accéléraient en sa présence, tes gestes qui devenaient de plus en plus maladroits. Tu ne mettais pas de mot dessus. Et puis un jour, la veille de votre entrée à Durmstrang, tu arrivas par surprise, avec un bouquet de roses de kazanlak caché derrière le dos. Tu n’avais plus de doutes sur la direction dans laquelle tu voulais avancer avec elle. Tu allais lui avouer que tu étais prince, en espérant qu’elle ne s’enfuira pas en courant sous la pression d’une telle révélation.

Alors que tu l'attendais à votre point de rendez vous habituel, tu l’entendis hurler. Tu lâchas ton bouquet, te précipitas vers les cris. Des gardes écrasaient Elif sans ménagement. « Voleuse, menteuse, salope, traitresse » Tu entends des noms et injures pires les unes que les autres. Fou de rage, tu frappas chacun de ces hommes à la figure, leur demandant en hurlant ce qu’elle a bien pu leur faire pour mériter un tel sort. Tu te précipitas vers Elif pour examiner ses blessures. « Cette Mêlée a volé de l’or chez sa maitresse » Incrédule, ton regard passa des hommes à Elif qui baissa les yeux. Tu l’emmèneras à l’hôpital, mais ne reviendras plus jamais la voir. Les roses de kazanlak finiront piétinés par les passants de Stolystia.



De loin tu la vois dans le couloir, avancer dans la direction opposée à la tienne. Sans vous arrêter de marcher, vous vous prenez cinq secondes pour effectuer le check dont vous seuls connaissez la combinaison. Vous terminez par une accolade affective. Tu en profites pour lui glisser un mot à l’oreille d’une voix suave, pour savoir si elle avait autant apprécié que toi la soirée de la veille. Elle te fait sourire entendu, puis un petit rire moqueur. Elle te cogne le bras –tu as un petit sursaut de douleur- puis elle part sans un mot de plus. Elle était comme ça, Marble. Imprévisible. Mystérieuse. Fonceuse. C’était une guerrière dans tous les sens du terme : une véritable descendante de vikings. Tu la connaissais depuis longtemps, sa famille étant puissante dans l’Empire –et connaissant donc naturellement la tienne. Vous vous chamailliez beaucoup, à l’époque où tu t’étonnais de ne pas la voir avec des poupées dans les mains, comme Alexa. Marble préférait jouer à la guerre, se battre avec toi. Tu t’étais déjà demandé si Alexa était jalouse de votre complicité, car il était vrai qu’elle était toujours assez à l’écart lorsque Marble venait vous rendre visite au manoir. Pourtant n’y avait vraiment pas de quoi : rien ne pourrait égaler la relation fusionnelle que tu avais avec ta sœur. Le serment de Tyr que vous aviez fait il y a peu n’avait fait que renfoncer votre lien déjà très puissant.

Apparemment, vos parents avaient tenu à garder un lien symbolique entre vos familles, aussi étrange qu’il soit. Tu seras destiné à épouser Marble uniquement si tes deux premières fiancées devaient renoncer à cet arrangement, peu importe la raison. Tu étais futur roi de Bulgarie : il était normal que l’on cherche d’autres personnes « mieux classées » que la petite Aakjaer. Et pour ton père il était hors de question de ne pas « penser au pire ». Ca avait du être décrété sur le ton de la rigolade –la vodka devait y être pour quelque chose. Parce qu’avant Marble passait d’autres princesses, d’autres familles plus riches. Toutefois l’alliance avec les vikings n’était pas illogique, compte tenu de leur armée très importante. Celle-ci pourrait leur être très précieuse, à l’heure où l’Empire se faisait de moins en moins stable.

On aurait pu se dire que cette anecdote en resterait là. Mais non. Tu avais ta préférence. Tu voulais Marble. Tu voulais avoir le choix sur la personne avec qui tu devais partager le reste de ton existence. Quitte à rendre la vie de tes deux premières fiancées impossible. A tes 19 ans, on te présenta la première prétendante. Un an après les fiançailles furent annulées. La raison ? Ton comportement humiliant, ne faisant preuve d’aucune bonne volonté et ne respectant absolument pas la famille de la future princesse. On t’excusa, sous prétexte que tu étais jeune, et inconscient des enjeux de telles alliances.
21 ans, deuxième prétendante. Elle tint bon plus longtemps cette fois, consciente de l’importance de ce futur mariage pour l’avenir de sa famille –et visiblement très attachée à toi. Et pourtant les fiançailles furent rompues pour les mêmes raisons. Tu faisais le difficile. Ca t’arrivait rarement d’être aussi capricieux. Tu ne l’étais que pour les choses qui en valaient la peine.



Une bande de Mêlés passe devant vous. Un de tes amis leur fait un croche patte ; un autre les bouscule. Toi, tu ne peux retenir un sifflement agacé face à toute cette vermine. La présence des Mêlés te gêne. Malgré ce qu’ils prétendent, tu es persuadé qu’ils sont inférieurs à vous, et qu’ils vous doivent par conséquent du respect. Cependant, tu es loin d’être le plus dur des conservateurs. Certains de tes égaux n’hésitent pas à trouver des victimes et les traiter tels des bêtes. Toi tu te sens toujours extrêmement mal à l’aise lorsque tu assistes à de telles scènes. Tu considères l’esclavage comme une abomination, devant laquelle tu ne fais que fermer les yeux, pourtant. Parfois, tu te demandes si l’éducation que tu as reçue était la plus juste. Tu as beau avoir 24 ans, tu n’as que rarement l’impression de pouvoir penser par toi-même. Ce qui devrait être dans tes attitudes déteint dans tes pensées, s’ancrant de plus en plus profondément en toi. Tu ne fais parfois presque plus la différence. Tu ne sais pas vraiment ce qu’il se passe en dehors de l’Empire, ou du moins si d’autres régimes ont des meilleures solutions à proposer face au « problème Mêlé ». Quoiqu’il en soit, tu as du mal à te défaire de l’opinion que tu es censé avoir. Et puis, tu seras roi de Bulgarie, à un moment ou un autre, alors vaudrait mieux pour toi que tu te fasses à l’idée que tu ne seras jamais vraiment libre. Tu ne peux faire autrement que te soumettre aux décisions du Tsar, à moins de vouloir en subir les conséquences. Tu vas devoir être son pantin, son intermédiaire à l’échelle du pays. Ce n’était pas forcément très réjouissant comme idée.

Dans un an, ton diplôme en poche, tu devras retrouver ton père dans le manoir familial, pour commencer à te familiariser avec tes futures fonctions. Tu seras son bras droit jusqu’à sa mort. Tu prendras ensuite sa place, et tu règneras sur la Bulgarie sorcière. Tu auras épousé Marble entre temps, tu lui auras fais deux trois enfants, dont au moins un garçon –forcément. Tu seras un roi bon mais intransigeant. Tu ne devras laisser passer aucun écart, afin de chaque jour prouver au Tsar à quel point tu le respectes. Tu devras peut-être mener à bien des guerres, repousser des envahisseurs. Guillotiner une petite centaine d’innocents. Puis un jour ton fils, Nikolai IV Ivanov (homonyme de ton père et ses ancêtres) ira à Durmstrang. Tu lui enseigneras à ton tour les ficelles du métier. A ta mort il te remplacera. D’ici là, tu aimerais marquer un tant soit peu l’histoire –même si à vrai dire tu n’as pas trop d’espoirs de ce côté là.

Ce n’est pas l’avenir idéal que tu t’étais imaginé enfant, mais ça pouvait en faire rêver plus d’un, tu en étais conscient. C’était peut-être pour ça que tu ne rechignais pas trop à la tâche. Tu t’estimais chanceux d’être de sang-pur, et d’être issu d’une famille aux moyens on ne peut plus aisés. Tu n’avais pas le droit de te plaindre.

Ca aurait pu être aussi simple que ça. Mais depuis quelques temps, tu ne comptes plus sur le soutien de ton père. Tu avais cru voir son regard changer en te voyant réparti à Thor, à tes dix-huit ans. Il n’avait pas caché son enthousiasme en te sachant dans la filière Wasser. Même si tu avais fais le difficile avec tes fiancées, tu avais cru que tu avais enfin gagné son regard approbateur. Et pourtant. Depuis le départ de ta mère, il évite ton regard. Comme si c’était ta faute, comme si c’était toi qui l’avais blessé au point de l’hospitaliser. Oui, il te fuit comme la peste. Il s’emporte contre toi pour aucune raison apparente. Vous vous menez une guerre froide à coup de regards furieux et gestes insolents. Tu soupçonnes Alexa de savoir la vraie raison de la soudaine hospitalisation de ta mère... Plus le temps passes et plus tu penses que ton père n’y est pas pour rien. Mais Alexa semble en cacher au moins autant que lui. Malgré le serment de Tyr qui vous lie, tu n’as pas encore réussi à comprendre ce qui la tracasse autant en ce moment. Mais tu finiras bien par le découvrir.