(Ranveig) Don’t say it’s over

quel est votre avis sur le tsar ?
Qui ça ? Cela résume bien l'opinion que Ranveig éprouve pour cet homme qui ne semble agir que motivé par la peur qui gronde à la porte de son pouvoir. Il donne des droits pour mieux endormir le peuple, tenter de nous bercer de folles illusions pour mieux baiser son monde. Les mots ne correspondent pas à l'époque, mais ils sont pugnaces et déterminés, ils grondent d'une vérité brûlante et obsédante. Le tsar, tout comme le régime actuel ne cadrent pas avec l'avenir désiré de Ranveig, et elle est prête à prendre les armes nécessaires pour basculer vers une vie différente. C'est une utopiste dans le fond, une idéaliste trop réaliste pourtant, qui a bien conscience que ce n'est pas en se contentant d'espérer que les choses risquent de changer. Qu'il est parfois nécessaire de souiller ses mains pour parvenir à quelque chose. Alors, puisque c'est un passage inévitable, elle se lève et se dresse en silence, l'esprit bouillonnant de cette intelligence si fine qui la caractérise. Pour que les choses changent... il faut que tout bascule, il faut viser loin et différent : une démocratie et la mort du tsar. Briser le symbole de la royauté et de cette pureté obsédante.

que pensez-vous de l'entrée des sang-mêlés à durmstrang ?
Un rire amusé se contenterait de répondre à cette question. Ce qu'elle en pense l'impulsive Skadi ? Qu'ils sont la preuve même que sans la préparation assidu que les sangs purs sont obligés de suivre pour être certains de parvenir à passer le rite de passage, des sangs mêlés avec seulement quelques connaissances sont sans doute aussi capables qu'eux. Alors oui, ils ont leur place à Durmstrang. Ils l'ont toujours eu, et Ranveig en a toujours été certaine. Totalement opposée à l'idée que son sang puisse la contraindre à obéir et se soumettre aux sangs purs... son dos est l'exemple même des idéaux de la jeune femme. Les cicatrices persistantes qui ne cessent d'affirmer que si elle n'a pas un sale caractère, elle reste fidèle à ses idées et se battra si cela est inévitable, même si elle ne rechercherait pas d'elle-même ce maudit affrontement. Mais il l'est... inévitable, pour parvenir à obtenir un monde meilleur où fonder une famille, où elle pourra vivre selon les valeurs qu'elle porte pourtant tel un étendard.

que représente l'esclavage des sang-mêlés pour vous ?
Sa réalité pendant des années, et ce depuis sa naissance. Une hérésie complètement aberrante. En quoi le mélange serait-il si néfaste ? Les historiens moldus parlent de tares héréditaires lorsque le sang n'est pas assez dilué. On le souffle parfois un peu trop fort, mais Ranveig est persuadé qu'ils valent autant que les autres, qu'au contraire leur sang n'en est que plus sain. Un sang, pas plus qu'une couleur de peau, ne devrait justifier une quelconque supériorité, et elle l'a suffisamment affirmé durant ces années où la soumission n'est jamais parvenue jusqu'à son cerveau. Elle possède cette douceur Ranveig. Elle transpire une grâce qu'elle n'a acquis qu'au contact de ceux qui n'ont jamais rien eu de supérieur à ses yeux. Elle effleure de cette langueur apaisante, réconfortante, comme si elle était capable de chasser les monstres de son regard mordoré. Mais elle possède aussi une certaine force, de celle qui brûle ses veines lorsqu'elle a besoin de se défendre, ce courage qui parvient à rendre ses muscles souples et à l'abri d'être tétanisé pour affronter les obstacles venant se dresser face à elle. L'esclave... elle est libre, ses chaînes brisées à ses pieds délicats, mais d'autres ne le sont pas, d'autres qui pourraient être elle, ou ses enfants. Et elle voit les conséquences de la destruction des souvenirs pugnaces d'un esclavage plus douloureux que d'autres.

quelle est votre position vis-à-vis de la résistance ?
Elle le veut ce monde meilleur. Elle le désire tellement, après toutes ces années d'esclavage, qu'elle n'a pu réaliser qu'une chose : la rejoindre cette résistance. Elle ne semble pourtant pas avoir le caractère pour les prendre ces armes face à la pureté dominatrice. Combien même elle n'a jamais accepté de devoir s'y soumettre, et que son dos le soupire inlassablement sous les cicatrices des coups de fouet le maculant. Malgré son insolence, Ranveig ne semble pas en avoir le profil, ne recherchant pas d'elle-même le conflit, apaisant les autres, les réconfortant. Mais elle ne fait pas parti des Skadi pour rien, et Ranveig est loin d'être naïve, la réalité l'a bien trop malmenée pour cela, et elle s'avère être une combattante, capable de se défendre, ou de ne pas démordre de tenter de le faire. Elle fait également preuve d'une obstination désarmante... et cette flamme idéaliste qui brûle dans son regard, ce désir de faire aboutir tout ceci à un monde meilleur la laisse avoir conscience qu'il faut parfois se salir les mains pour obtenir ce que l'on souhaite. Alors elle les prendra ces armes, n'importe lesquelles, tant qu'elle parvient à ses fins.

Courageuse, idéaliste, érudite, apaisante, brillante, réconfortante, déteste l'injustice, studieuse, douce, intelligente, taquine, agréable, délicate, débrouillarde, insolente, déterminée, impulsive, malicieuse, loyale, réaliste, sensible, ... Voilà ce qu'il est nécessaire de savoir de la jeune femme, avant de tenter de découvrir ces vestiges du passé, ces dix/cinq anecdotes qui viendront imprégner vos rétines trop curieuses, spectre magique qui transpercera votre imaginaire pour vous les laisser véritablement entrevoir.

De sa naissance à la presque fin de ses 4 ans, Ranveig a été la propriété des Viktorsson, tout comme sa sœur et ses parents avant elle. Mais à la mort de sa mère, par caprice ou perte d'un pari quelconque, elle passa de main et d'appartenance. ӿ̸Ӿ̸Ӿ̸ӿ ... ӿ̸Ӿ̸Ӿ̸ӿ ... ӿ̸Ӿ̸Ӿ̸ӿ ... ӿ̸Ӿ̸Ӿ̸ӿ ... ӿ̸Ӿ̸Ӿ̸ӿ ... ӿ̸Ӿ̸Ӿ̸ӿ ... ӿ̸Ӿ̸Ӿ̸ӿ ... ӿ̸Ӿ̸Ӿ̸ӿ ... ӿ̸Ӿ̸Ӿ̸ӿ ...

Son palpitant trébuchait dans sa poitrine, traitre méticuleux qui tentait de la rendre sourde tandis qu'elle avançait au sein du labyrinthe. Il tambourinait si fort qu'elle avait l'impression que le monde se composait d'un orchestre venant rythmer le moindre de ses gestes, menacer la moindre faille qu'elle pourrait démontrer. Le lac n'était plus qu'un souvenir, et sa chevelure humide narguait sa nuque à chacun de ses pas depuis les premiers qu'elle avait esquissé dans la forêt. La créature, l'indice... rien n'avait été simple, il ne fallait pas le croire, mais elle avait persévéré, plus déterminée que jamais à passer à l'étape suivante. Une grotte et un épouvantard. L'impossibilité de la chose en ces lieux lui avaient donné le cran de dépasser sa peur et de lancer le sort qui l'en avait débarrassé.

A présent, c'était dans un labyrinthe qu'elle se trouvait, la saveur presque pourrissante qu'elle avait l'impression de sentir sur sa langue, le souffle saccadé qui soulevait la prison de son cœur qui s'acharnait à hurler contre le fer argenté de sa cage. Elle fit brusquement un écart, sautant pour éviter un bras d'écorce qui tenta de la rendre captive. Serrant ses poings sous une bouffée de détermination, elle hâta le pas, courant tout en cherchant à se dissimuler. Que savait-elle des labyrinthes déjà ? De ceux qui étaient dénués de vie ? De suivre un côté lui semblait-il, dès l'entrée de celui-ci, elle essayait, vraiment, mais la situation était plus compliquée, et puis ce labyrinthe-ci était différent. Celui-ci... Un cri lui provint du chemin qu'elle comptait justement emprunter. Tant pis pour la théorie, en avant pour l'improvisation. Elle bifurqua, le souffle saccadé, ses doigts serrés autour de la baguette qui était la sienne. Une bouffée d'air frelaté la submergea, manquant de la faire trébucher ; elle n'échouerait pas. Elle avait survécu à l'esclavage, elle survivrait à cette épreuve, la suivante serait plus simple, moins ardue, moins... imprévisible. Mais il fallait tout d'abord sortir de cet endroit.

« Protego ! » jeta-t-elle avant de trébucher légèrement, mais au moins le sort qu'un autre élève venait de jeter sur elle ne l'avait pas atteinte. Elle se redressa vivement, dardant son regard sur celui qui venait de l'attaquer. Elle ne chercherait pas les ennuis, elle ne chercherait pas d'elle-même l'affrontement, mais elle ne fuirait pas face à ce nouveau problème qui s'érigeait face à elle. Elle dressa le morceau d'ébène d'un geste agile en direction de son assaillant, prête à formuler un sort, mais quelque chose le fit disparaître de son champ de vision. La brume l'empêchait de bien voir ce qui se dressait sur sa route, mais elle préférait laisser l'autre faire diversion, et rebrousser chemin de quelques pas pour emprunter un autre chemin, une direction similaire. Telle une déesse de la chasse viking, Ranveig se faufila vers une autre voie, restant sur ses gardes, tout son être tendu à l'extrême, prête à réagir à la moindre nouvelle difficulté qui se dresserait face à elle. Déjà, elle avait oublié l'autre garçon, indifférente à son sort, égoïstement, il avait tenté de s'en prendre à elle, de la faire échouer, et cela la poussait à agir pour elle, pour cet avenir qu'elle voulait différent.

Un mouvement, infime, presque trop ténu pour être perceptible, mais elle l'avait vu, la certitude l'étreignait, bien qu'elle ne savait pas de quoi il était question, mais cela venait vers elle. Elle dessina le geste sans même réellement y penser, tandis que ses lèvres délivraient le sort. « Expulso ! » Un étrange grognement termina de lui certifier qu'elle avait sans doute bien fait, et ses lèvres frémirent, suivies du balai de son poignet. « Incarcerem ! » Rapidement, elle hâta une nouvelle fois le pas, ses battements de cœur assourdissant les bruits environnant, mais elle n'avait pas le choix. Comme si brusquement elle ne touchait plus réellement le sol, elle se faufila si proche de l'ombre animale qu'elle put presque percevoir l'haleine fétide qui désirait la suivre. « Obscuro. » murmura-t-elle d'une voix ferme, exprimant ces sorts dont elle s'était abreuvée dans un livre appartenant à la famille qu'elle avait servi avant d'être libérée. Le souffle saccadé, elle ne jeta plus un seul regard à la créature aveugle et ligotée qui finirait bien par se libérer, et elle ne voulait pas être là lorsque cela se produirait.

Chassant d'un geste involontaire une mèche qui s'était échappée de sa queue de cheval qui obscurcissait sa vue, elle sentit le liquide poisseux dont elle ne se préoccupa pas. Ce n'était pas le moment. La course n'était pas terminée. Pourtant, elle l'aperçut finalement, cette sortie qui se dressait face à elle, faisant trébucher son palpitant dans sa poitrine, et la submerger d'une fierté soulagée : elle y était arrivée. Elle sentit le coup d'épaule qui la fit manquer de tomber, les doigts acérés des ronces lacérer ses vêtements, mais elle ne s'arrêta pas et redoubla d'effort. Mettant un terme à ces derniers mètres et lançant un regard insolent envers celui qui avait tenté, dans un dernier instant, de la déstabiliser. Elle savait où elle devait se rendre, rejoindre cette arène et donner cette phrase dont la mélodie hantait son esprit. Elle avait réussi la première partie du rite de passage, mais il lui restait encore quelques mètres, quelques instants avant de pouvoir souffler. Serrant les poings, elle accéléra, n'ayant guère envie de donner une opportunité de plus à ceux qui ne voulaient pas la voir ici. Jamais.